Les agendas 2014 sont arrivés !
Objets sadiques, masochistes, fétichistes, c’est selon.
Instruments de torture, d’asservissement, d’esclavagisme.
Régulateur de sa vie et de celle des autres.
Planificateur ou enregistreur, voire journal intime.
Ce que l’on va/doit faire, ce que l’on a fait.
Journalier, semainier, planning.
Format de poche à « Ministre ».
Couverture carton, PVC, cuir.
Il y en a pour tous les goûts.
Pour tous les âges aussi.
Certains, décorés, veulent faire preuve d’humour.
13 mois, de septembre à septembre, pour se caler sur le rythme scolaire.
13 mois, de décembre à décembre, pour se caler sur l’année civile.
16 mois, de septembre à décembre, pour les indécis.
Des grilles précises ou imprécises.
Pour les obsessionnels de l’heure, de la demi-heure, de la minute.
Les jours fériés, les fêtes.
Des emplacements pour des notes, des tâches…
Le décompte des jours, des semaines, les quantièmes.
Mercredi 11 septembre 2013, 254e jour de l’année, 111 jours restants, semaine 37.
On y met tout, ou presque.
Le moindre acte de sa vie, en l’imposant à d’autres.
C’est le principe d’un rendez-vous.
On y trouve des mentions comme « Déjeuner », « Dîner », « Shopping ».
« Jour des enfants », comme si l’on ne s’en souvenait pas.
Ou le trait rageur pour bien montrer que l’on ne travaille pas, congés ou RTT obligent.
L’agenda, on doit sourire en l’ouvrant.
On doit sourire en le montrant.
Même à l’envers, on doit comprendre que vous êtes important.
Un agenda vide, c’est synonyme d’une vie vide.
Un agenda plein, c’est synonyme d’une vie bien remplie.
Vie optimisée, pleine à craquer, surbookée.
Une vie de con vide versus une vie de con remplie.
D’ailleurs, le vide provoque la peur, il faut donc remplir coûte que coûte.
Ma vie est riche, la preuve, regardez mon agenda.
Dans sa vie active, on use en moyenne une quarantaine d’agendas.
On a découpé plein de coins de pages, le long des pointillés.
Pour acter que la semaine est pliée, finie.
Un agenda, c’est aussi le symbole du temps qui passe.
Et celui du temps qui vient, que l’on se doit de remplir pour exister.
Une mention, c’est de l’argent, une réussite ou un échec.
Mais aussi de la joie, du stress, de l’angoisse.
Des choses que l’on a besoin de planifier dans un monde moderne.
Des choses que l’on ne peut faire que certains jours, ouvrés, ouvrables, chômés, fériés.
Les agendas passés, certains les gardent, pour pouvoir contempler leur vie.
D’autres les détruisent, plus ou moins violemment, pour oublier.
Certains ne conservent que les bons millésimes.
Les jaloux espionnent ceux des autres.
Les flics vous les piquent pour mieux vous accuser.
Les salauds les volent pour bien vous pourrir la vie.
Outil de tête en l’air par excellence.
Synthèse des moments à venir.
Catastrophe pour le tête en l’air qui l’oublie ou le perd.
Gertrude, prostituée, s’en sert pour compter et planifier ses clients.
Gilbert, âme en peine, y marque ses rendez-vous avec les putes.
Tiens, aujourd’hui, Gertrude et Gilbert ont une ligne d’agenda en commun…
Crédit photo : CC BY 2.0 par Horia Varlan (Flickr)
© PF/Grinçant.com (2013)
L’agenda est un objet qui doit être ludique, pour moi. Il me permet de n’oublier personne . Lorsque je réserve une journée, un moment pour quelqu’un, cela lui dit « je le réserve pour toi, car cela me fait plaisir de te voir et je pense à toi »
Il est plus utile à différents moments de la vie. Les années passent et il arrive que l’on oublie un peu plus ! Surtout ce qu’on n’a plus envie de faire, mais…….
C’est aussi un endroit où l’on peut mettre photos.., fleurs séchées.., cartes postales.., petits mots.., pensées…. tous ces petits riens, qui ne vous quittent jamais. En fin d’année il faut lui mettre un élastique, afin que tout tienne dedans.
Et, ce qui n’est pas évoqué dans ce billet, il y a le casse tête, de trouver le bon sac afin qu’il rentre dedans et reste toujours près de vous !!!!!
L’agenda peut effectivement avoir un côté sentimental/fleur bleue.
Il est même question de fétichisme dans ce billet qui ne fait que survoler la complexité de la relation avec cet objet, du moins quand on y réfléchit bien.
Quant à choisir le sac (féminin, je suppose) en fonction de l’agenda, cela démontre bien l’ampleur de la problématique ;-)
Oui, c’est vrai, Caramel, mon agenda « biplanning » a une fleur séchée à la page d’une semaine bien précise.
Et puis des surnoms aussi, dans la case d’un samedi soir mémorable entre très très vieux amis.
Des mots de passe de connexion, codés bien sûr, mais à des pages introuvables…
Il y a surtout un tout petit dessin, avec une initiale, fait par une demoiselle qui prenait son chocolat chaud en face de moi, un matin.
Mon smartphone est froid.
Cet agenda, lui, il me réchauffe.
Tout est dit sur nos carnets, le poétique, le pratique, l’excessif, l’inévitable, bref, le reflet de sa personnalité, de son goût, de son art…
Heureusement, on n’a pas évoqué la version immatérielle, les synchronisations, les partagés, les nuages.
Je ne voudrais pas briser le charme de cette rêverie, je voulais juste passer par là, laisser une petite trace, et puis, un souvenir me revient, c’est drôle, alors c’est moins grave.
Quand un politique, surtout des « hautes » sphères se fait gauler, pardon, mettre en examen, témoin assisté toussa, il est convoqué fermement chez un juge avec … son agenda !
Le tout, quelques semaines, voire quelques mois après l’annonce du méfait (supposé bien sûr), bon, moi, ça me fait rire, c’est toujours ça ;-)
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