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Un chêne en cours de viabilisation

AVERTISSEMENT : Ce billet date de plus d'un an.

Vous connaissez certainement « mon chêne ».
Découvert/adopté le 11 septembre 2016, lors d’une randonnée « solo » de 20,8 km.
Le coup de foudre, mais seulement de loin.
Ça n’est que plus tard que j’ai osé le photographier.
Et seulement l’année suivante que je m’en suis approché, ne serait-ce que pour le toucher.
Ensuite, je l’ai souvent montré à des gens que j’emmenais en randonnée.
En général, personne n’était indifférent en le voyant, même de loin.
Tranquille, dans ce qui est une prairie.
À proximité d’une rivière qui a ses caprices et qui a dû à maintes reprises le faire émerger des eaux.
Un tronc creux près des racines.
Une fois j’ai dû m’en éloigner, car des frelons avaient eu la mauvaise idée d’y installer un nid.
En 2018, j’y ai vu des vaches, ruminant tranquillement à proximité.
Depuis, une clôture a été posée, y compris côté rivière.
Et il y a fréquemment des moutons d’une espèce locale.
Ils paraissent vraiment petits à proximité de cet arbre.
Il n’est pas classé « remarquable », mais il le mériterait peut-être.
Il est presque rond, et je viens de m’amuser à le (re)mesurer en vue aérienne.
Un périmètre de 94 mètres, 30 m dans sa plus grande largeur, et une surface (à plat) de feuillage de 600 m².

Pourquoi vous parler encore de lui ?
Tout simplement parce que j’ai vu un autre chêne lors d’une randonnée récente.
Lui était dans une « enclave », un terrain à proximité d’un rond-point et d’un Super U.
Voilà quelques mois, il était encore entouré d’herbes, avec quelques arbres plus petits à proximité.
Mais voilà, l’étau se resserre, et il est là, comme un con, sur un terrain maintenant en cours de viabilisation.
Le promoteur en a eu pitié, ou bien le maire a interdit qu’on l’abatte.
Vu d’en haut, son feuillage est plutôt rectangulaire.
64 mètres de périmètre, et 200 m² de surface (à plat) de feuillage.
Il va se retrouver entouré de pavillons, chacun sur une parcelle de… 400 m² !
Je ne sais comment les habitants de ces clapiers le considéreront.
Peut-être iront-ils pisser sur son tronc.
Ou peut-être, une nuit, l’un d’entre eux, énervé par son ombre, jouera-t-il de la tronçonneuse…

Quel gâchis !

© PF/Grinçant.com (2021)

5 commentaires sur “Un chêne en cours de viabilisation”

  1. Avatar photo

    > « sur un terrain maintenant en cours de viabilisation. »
    C’est marrant comment le jargon officiel est truffé d’antinomies et de non-sens :

    – Le droit : rien ne lui est plus tordu
    – La justice : rien de plus injuste
    – La démocratie : une illusion
    – La banlieue : les quartiers
    – La santé : la médecine
    – La liberté : l’assignation à résidence
    – La mobilité : se faire transporter (ou plus simplement… sédentarité)

    V’là t-y pas que vous enrichissez mon vocabulaire républicain avec ce « viabilisation » qui n’est rien d’autre qu’une mise à mort du sol !

    1. Avatar photo
      PF/Grinçant.com

      Oui, c’est bien une « mise à mort du sol », et je plains cet arbre, même s’il a la vie sauve pour le moment.

      Définition de “viabiliser” :
      « Aménager (un endroit) de façon à le rendre habitable, soumettre à des travaux de viabilité. Viabiliser un terrain, un chantier. »

      Pour emménager dans un chêne, les oiseaux et autres écureuils n’ont pas besoin de foutre un tel bordel !

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    Si ces chênes pouvaient manifester/revendiquer, ils feraient connaître que les Hommes les laissent tranquilles, libres, car ils ont le droit du sol, étant là avant les hommes.

    Les arbres sont source d’oxygène, donc de vie. Laissez-les en vie et ne les stressez pas, ne les agressez pas afin qu’ils ne dépérissent pas. Préservez-les des incendies, car les colibris ont d’autres activités/travaux à faire que d’intervenir…
    Écoutez la sagesse de Pierre Rabhi :


    (La Légende du Colibri)

    Plante/arbre qui dépérit faute d’arrosage, de soleil, qui perd sa vigueur, se dessèche.

    « Aux Arbres Citoyens » chanson de Yannick Noah (2006) :

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    Avec ses habits de chaque saison, il est de toute beauté, splendide. Lui aussi, il va se retrouver dans une cage mais il garde son âme, j’espère qu’il ne va pas mourir en voyant la tristesse de l’humain tout autour de lui.
    Quel gâchis !

    1. Avatar photo
      PF/Grinçant.com

      Pour ce qui est de « mon arbre », non, il est préservé, à part les clôtures qui sont apparues autour de la prairie, pour des moutons et des vaches, et peut-être pour le protéger, justement.

      Pour l’autre, sur ce terrain en cours de « viabilisation », j’ai bien peur qu’il ne fasse pas long feu. L’ombre d’un arbre, c’est si dérangeant pour certains, comme les coqs ou les ânes à la campagne (il y a de plus en plus de procès, et les « connards » les gagnent le plus souvent).

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