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Consultation psychiatrique au sujet de mon blog

AVERTISSEMENT : Ce billet date de plus d'un an.

Première fois que je prends rendez-vous avec le Dr Maboule, une psychiatre de renommée internationale.
Quand j’entre dans son cabinet, elle est à quatre pattes sur le sol, derrière la porte, et elle me dit : « Ne vous inquiétez pas, c’est comme ça les psychiatres, je cherche mon stylo… »
Elle s’installe derrière son bureau et déclenche un chronomètre pour la consultation.
Pas de divan, je suis assis sur une chaise ordinaire.

— Alors qu’est-ce qui vous amène ?

— Docteur, je tiens un blog depuis 2012, et là j’ai une chute de trafic et il n’y a quasiment plus de commentaires, alors je me demande s’il est utile de le continuer.

— Et vous tenez ce blog pour quelle raison ?

— Comme je le dis dans mon “De l’auteur” : « pour pousser à réfléchir et à réagir. Pour changer un peu le monde, si cela est encore possible. »

— Ah oui, alors là votre pathologie est grave, et elle ne relève même pas du DSM-5, notre référentiel ! Vous, changer le monde ? Vous me semblez honnête, sincère. Vous ne faites rien de mal, et vous ne portez même pas de masque. Vous ne pouvez pas détruire l’économie, fermer les commerces, bloquer toute vie sociale, faire peur à toute une population, ruiner la santé mentale et physique des gens, massacrer des enfants par de la maltraitance. Vous n’êtes même pas un pédocriminel lové dans les hautes instances, et vous ne manipulez pas les cours de la bourse ni même le Bitcoin ou le Dogecoin. Ah, et vous ne faites visiblement pas partie de l’élite de ce pays car vous ne me semblez pas nul et inconsistant, et vous n’avez pas le regard d’un psychotique adepte des rails de coke, ni même la dégaine d’un alien ou d’un reptilien. En plus, je doute que vous acceptiez de vous faire vacciner “ARNm” pour le bien-être des labos pharmaceutiques.

— Oui, vu comme ça, je dois faire fausse route. Alors, que dois-je faire, j’arrête ce blog, ou je le continue ?

— Lacan ne tenait pas de blog, Freud non plus. Et Cyrulnik vous orienterait vers le deuil en vous conseillant le résilience, un concept qui autorise d’ailleurs toutes les outrances. Faites donc une pause. Vous dormez bien ?

— Non, je rêve que je trucide inlassablement des nuisibles, et ils sont nombreux et increvables.

— Bon, alors je vais vous prescrire un somnifère, vous verrez, c’est du sérieux. Et pour la journée, je vais vous mettre sous alprazolam — un anxiolitique — à haute dose, ça vous permettra de vous déconnecter de la réalité, car je trouve que vous y êtes trop ancré.

Le Dr Maboule me tend son ordonnance et me demande à être payée en Carambar pour soutenir les salariés encore en grève à la confiserie industrielle de Marcq-en-Barœul. Ça tombe bien, j’en ai une vingtaine de kilos dans la brouette que j’ai laissée dans la salle d’attente.

Vraiment bien cette consultation !

En attendant, je suis rentré sans passer par la pharmacie, et première chose que je fais, c’est d’écrire cette Brève sur… mon blog !

© PF/Grinçant.com (2021)

8 commentaires sur “Consultation psychiatrique au sujet de mon blog”

  1. Une saynète qui va être jouée dans les écoles… Serait-ce le temps de la résignation avec cette pandémie ?

    saynète : nom féminin ayant couramment la signification de « Petite pièce comique, en une seule scène, avec un petit nombre de personnages. »

    « Oui, la résignation est bonne et nécessaire devant les faits généraux et inévitables de la vie, mais sur tous les points où la lutte est possible, la résignation n’est que de l’ignorance, de l’impuissance ou de la paresse déguisée. »
    Maeterlinck (Maurice), 1862-1949, Sagesse et Destinée, LXV

    1. Non, pas de résignation, et encore moins de (réelle) « pandémie ».

      Par contre, un constat, pas forcément joyeux, et des choses compliquées à analyser avec des sous-jacents bien tordus.
      Au-delà de cette saynète, je devrais revenir sur le sujet.

    2. Oh non !… N’arrêtez pas, nous avons plaisir à vous lire. Et même s’il y a absence de commentaires, la lecture de votre blog est toujours attendue.
      Concernant votre consultation, on peut en déduire que les toubibs, à part leurs médocs chimiques ont vraiment peu de choses à offrir à leurs patients. En outre, ceux proposés auraient plutôt tendance à vous enfoncer avec au bout un sentiment de problème irrésolu. Il faut… positiver !!!

      1. Relisez, consultation imaginaire et très second degré ;-), avec une « chute » positive.
        Mais je vais revenir sur le sujet, car cela le mérite.

          1. Dr Maboule, voyons !;-)
            En plus à quatre pattes dans le bureau. Remarquez, cette anecdote est vraie mais ancienne.

            Cela dit, il y a un vrai questionnement de ma part, mais la réponse est complexe.

  2. Rien que le fait d’écrire cette brève en réel sans être passé à la pharmacie à l’issue de la consultation virtuelle, vous allez déjà mieux dirait un autre psychiatre au vu de cette prose tout en se tordant de rire… ☺ ☺ ☺

    « Le peintre (…) rêve, il imagine, il crée. Et soudain, voici que l’objet virtuel naît de l’objet réel, qu’il devient réel à son tour (…) »
    Paul Éluard (Eugène Grindel, dit Paul,) 1895-1952, Poésies, « Donner à voir ». Poète français qui fut initié dès l’enfance à la dure réalité de la douleur, contraint d’interrompre ses études pour entrer en sanatorium (1912), puis devint le témoin fraternel, après sa mobilisation (1914), de la souffrance des combattants. Son adhésion aux idées pacifistes (Le Devoir et l’Inquiétude, 1917; Poèmes pour la paix, 1918) marqua très tôt chez lui la volonté d’un engagement au service de la justice, cause qui ne cessera plus de hanter sa poésie.

    1. Effectivement, le genre de « saynète » qui fait du bien, à lire comme à écrire.
      Un exercice que devraient faire bien des gens avant de sombrer dans la médication « psycho/dodo ».

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