Je vais finir par regarder mon scanner de bureau d’une drôle de manière à force d’être analysé/coupé en tranches par des engins qui portent le même nom.
Et la pudeur en prend un sacré coup, tout comme l’expression « beauté intérieure », tant les radiologues s’en donnent à cœur joie avec leurs équipements décortiqueurs.
Oui, je sais, on me dira que c’est pour mon bien, mais je suis dubitatif et me demande jusqu’où cela peut mener.
Ce qui est certain, c’est que cela peut devenir angoissant à force de chercher l’introuvable ou de voir des choses qui ne devraient pas être vues.
Allez, je vous embarque dans mes aventures médicales, et — un peu — de voyeurisme…
9 mai 2019 — Scanner Thoraco-Abdo-Pelvien
Bon, celui-là je l’attendais, car il était bien prévu…
« Indication : Bilan pré-greffe rénale, recherche de pathologie parenchymateuse contre-indiquant la greffe ou à prendre en charge avant celle-ci. Recherche de calcifications vasculaires afin de choisir le meilleur site d’anastomose vasculaire. »
OK, ça n’a pas l’air très sexy, et d’ailleurs ça ne l’est pas, puisqu’il s’agit de voir comment me mettre un… troisième rein ! Eh oui, on ne remplace pas, on ajoute, c’est plus simple !
Tranquillement, le gros anneau passe autour de moi et fait ses clichés.
Le bruit me paraît presque rigolo, et je m’amuse à observer la lumière qui tourne à l’intérieur.
Le 26 juin, soit 48 jours plus tard, excusez du peu, ma généraliste m’appelle pour me dire qu’elle a un problème, car elle a reçu à son cabinet tout le dossier relatif à mon scanner, alors qu’elle n’est pas prescriptrice et qu’elle avoue que cela la dépasse. Elle ajoute une certaine inquiétude à la lecture du compte-rendu du radiologue.
Je passe au cabinet pour récupérer le dossier afin de le remettre au service prescripteur lors de ma prochaine visite à l’hôpital.
Je contemple benoîtement les clichés de mon intérieur et ne peux m’empêcher d’aller faire un tour sur le CD-ROM afin d’intérioriser au vrai sens du terme. ;-)
Par contre, là où je me marre moins, c’est en lisant la conclusion du compte-rendu…
« Scanner thoraco-abdo-pelvien retrouvant un nodule suspect au niveau du lobe inférieur gauche pulmonaire »
Ce « nodule » ferait 12 millimètres et pourrait être une… tumeur maligne !
À un problème rénal, nous ajoutons un possible cancer du poumon !!!
10 juillet 2019 — Scanner cérébral
Alors, celui-là, je ne l’attendais pas !
J’ai reçu un courrier simple — valant convocation — le 3 juillet, et j’ai écrit ma Brève « Convocation pour euthanasie ».
Bon, euthanasie ou suicide, ça se discute, mais je suis sérieux, car je devais venir avec un kit d’Iomeron 350 à me faire injecter. Il s’agit d’un produit de contraste iodé permettant d’obtenir de meilleures images au scanner. Et il faut savoir qu’une telle injection peut détruire ce qui reste de ma fonction rénale pour ce qui est de son rôle de filtrage du sang… Alors que mon état s’améliore, « contre toute attente » — dixit le Néphrologue —, cet examen pourrait m’être… fatal !
Par railleurs, qui dit « scanner cérébral », laisse supposer « recherche d’une tumeur au cerveau »… Problème rénal → Cancer du poumon → Tumeur au cerveau ???
À moins que l’on ne cherche de la place pour m’installer un rein dans la boîte crânienne, mais cette possibilité n’avait encore jamais été évoquée…
Je tergiverse de différentes manières et recueille plusieurs avis médicaux qui confirment que passer cet examen tel que prévu était suicidaire.
J’envisage de l’annuler, mais l’angoisse étant là, je me dis qu’il est préférable d’y aller, et de le passer sans injection… Au moins, je serai — peut-être — fixé quant à mon état cérébral.
Le jour dit, on me prend avec plus d’une heure de retard.
Un « col bleu » — infirmier/technicien en radiologie — me prend en charge et me fait entrer dans une petite pièce avec un « fauteuil » qui m’évoque bien des films…
Il me demande mon kit d’Iomeron… Je réponds que je ne l’ai pas, et lui donne mes derniers résultats d’analyses en soulignant qu’ils rendent impossible une telle injection.
Il fait la gueule et s’absente avec mes papiers.
De retour, il me dit « Il s’agissait de déterminer l’opportunité de l’examen sans injection, mais on va bien faire le scanner »…
Je crois reconnaître la machine du 9 mai, et je me laisse faire, me disant que, « puisque j’y étais », et louant ma vigilance/mon instinct de survie…
Je demande à recevoir le compte-rendu…
Réponse négative : « Il n’est pas dans la politique de l’hôpital d’adresser ces éléments au patient. Le service prescripteur les aura dans la semaine, puis votre médecin traitant en recevra une copie ultérieurement. » (Au passage, je n’ai pas vu la radiologue…)
On m’a scanné le cerveau, mais je dois être le dernier à savoir ce que l’on y trouve !!!
N’empêche, je serais venu avec mon produit iodé — j’avais reçu l’ordonnance —, je suis sûr à 95 % que j’y aurais eu droit avec toutes les conséquences dramatiques qui pouvaient en découler !!!
16 juillet 2019 (aujourd’hui) – PET-Scan ou TEP/TDM au FDG
Décidément, quand je suis lancé, on ne m’arrête plus !
Service de Médecine nucléaire pour une « Tomographie par Émission de Positons », et « Corps entier » s’il vous plait !!!
Problème rénal → Cancer du poumon → Tumeur au cerveau → Cancer généralisé ???
Encore un « col bleu » qui s’occupe de moi.
Là, je sais qu’il y a une injection, mais c’est un produit radioactif qui normalement n’est pas incompatible avec mon état de santé. Cet examen est « onéreux », et il y a des précautions à prendre.
Je dois être à jeun depuis six heures, j’y suis depuis neuf.
Je suis installé dans le premier box, il est 8 heures, et je suis le premier patient de la journée.
On me pose une perfusion, et je vois que l’opération stresse un peu, car on me la fait sur… la veine du dos de la main (« préservation du capital veineux »)… J’avais préparé le coup en mettant un patch à la Lidocaïne/Prilocaïne (une sorte d’anesthésique local, alias EMLA), même si l’effet n’est pas si miraculeux.
Puis arrive le produit radioactif. L’opérateur se cache derrière une protection antiatomique mobile… Et il fait passer le contenu de ce qui ressemble à une grenade de guerre dans la perfusion. C’est rapide et indolore.
Il baisse la lumière, et je dois rester tranquille pendant environ 45 minutes.
J’ai une splendide horloge numérique en face de moi.
Je ne sais si les secondes défilent lentement ou rapidement, mais elles défilent et je prends mon mal en patience.
Quand apparait « 09:09:09 », je suis content, car j’aime bien ce genre d’alignement, et je sais que l’examen arrive à sa fin, le produit glucosé (et radioactif) étant normalement disséminé dans mon corps, et — accessoirement — concentré sur les cellules potentiellement cancéreuses…
Marrant, il faut rester zen dans ces moments !
Une autre « col bleu » prend le relais, et m’enlève la perfusion.
Je suis ensuite prié d’entrer dans un « vestiaire », avant d’entrer dans l’antre de la « Machine »…
Voilà le monstre, et c’est vrai que c’est imposant ! Ce scanner a été installé en 2015 et tout un bâtiment a été construit autour. Les « enceintes blindées » pèsent trois tonnes… Bon, ça, c’est pour mon côté curieux et un peu joueur…
Il faut rester allongé et totalement immobile, les bras en arrière, pendant pas moins d’une vingtaine de minutes…
L’appareil se déplace (ou plutôt le « lit »), et marque des pauses qui semblent bien longues.
Pour moi, c’est « corps entier », mais les cuisses/jambes (tout comme les membres supérieurs) passent à la trappe.
Une fois l’anneau au-dessus de mes yeux, je me dis que ça va bientôt se finir.
Mais non, il y a encore une phase au-dessus de ma boîte crânienne !
Ouf, c’est fini !
J’ai trouvé cet examen épuisant et angoissant (et pourtant, je suis aussi passé, en avril, par la Dobutamine…).
On me demande d’aller en « salle d’attente bleue » (nous sommes dans des zones « contrôlées »), le radiologue devant venir me voir dans un petit quart d’heure.


Ah, là on va me tenir informé !?
Eh oui, le voilà qui arrive, un jeune, un dossier « scanner » à la main…
Pour moi, l’annonce va être plutôt facile…
« Le nodule pulmonaire n’est pas/plus visible, il s’agissait peut-être d’une infection et il s’est résorbé. C’est une “première lecture”, mais il n’y a rien de particulier à signaler, c’est plutôt rassurant ! »
La vie peut continuer comme si de rein rien n’était, ou presque !:-/ :-)
Vignette : « En attente de positons » © PF/Grinçant.com (2019)
© PF/Grinçant.com (2019)
La suite : Quoi, en plus il n’aurait pas de cancer ?!
Je ne sais que dire, mais courage. C’est vrai que c’est votre « fête » en ce moment ! Le plus important c’est qu’ils n’aient rien découvert de plus, j’espère que vous n’en brillez pas la nuit pour autant :).
J’espère que votre situation rénale va continuer à s’améliorer. Il y a des techniques de méditation (trouvables sur Youtube) où on se concentre sur toutes les parties de son corps et on envoie des remerciements à ses organes internes. Ça ne coûte rien d’essayer.
https://www.youtube.com/results?search_query=meditation+remerciement+organes
Pour le « courage », je pense ne pas en manquer, et j’essaye également de glisser une pointe d’humour dans tout cela.
D’ailleurs, je me surprends à (plutôt) bien vivre ces « expériences » médicales, qui, en d’autres temps, m’auraient semblé totalement inenvisageables/inacceptables.
Pour ce qui est des « techniques », j’applique intuitivement les miennes, et le moral/la force de caractère joue un rôle important.
De ma généraliste : « Ce qui me plait chez vous, c’est que vous êtes vraiment “Acteur” »
De mon néphrologue : « Contre toute attente… » ou « Avec vous, je ne me prononce plus… » ou encore « C’est normalement impossible, ça n’existe pas… »
En plus, si mes écrits/témoignages peuvent êtres utiles, d’une manière ou d’une autre, alors tout cela sera positif.
Bon, cela donne peut-être une tournure un peu particulière à ce blog — qu’il m’a aussi fallu considérer/regarder autrement —, mais j’assume.
Non, cette injection ne me fait pas « briller » ;-) cette nuit. Mais, sur le moment, c’est une curieuse sensation…
PS : Oui, la « chute » est très positive sur ce coup, mais ces examens génèrent un stress qui peut aussi être considéré comme nocif, sans même parler de l’histoire du produit de contraste iodé (Iomeron)… Suite à des « ateliers » sur la pathologie et ses possibles effets, j’avais expliqué à une psychologue (clinicienne) que l’intention était probablement bonne, mais que le tableau décrit était contre-productif tant l’hypocondrie venait naturellement prendre une part difficile à vivre, au point d’en revenir à la boucle de l’œuf et de la poule… Et elle avait finalement acquiescé !
Je connais un homme qui a aussi une pathologie rénale grave et d’après ce que je lis dans votre commentaire, c’est le même type de personnalité et caractère que le vôtre. Une personne très endurante, très volontaire, très je-suis-là-dans-le-réel et qui prend beaucoup sur soi.
En ce qui me concerne, je me demande si les problèmes de santé que nous rencontrons ne sont pas dus à certains aspects de notre personnalité ou de notre vécu. Traditionnellement les reins sont là où se situe la force du corps, de la volonté, l’expression populaire « donner un coup de rein » désigne un effort violent.
J’ai de mon côté dans ma jeunesse subi une famille « tais-toi et fais ce qu’on te dit ! » et j’ai collectionné les pathologies de la gorge.
Je ne veux pas vous lasser, ni vos lecteurs, avec mes digressions, mais la pratique des arts internes asiatiques m’a fait voir les rapports entre le corps physique et le mental d’une autre façon que le rationalisme occidental.
Sinon dans les remèdes asiatiques, il y a aussi le « bain de forêt » des Japonais qui est recommandé pour guérir. C’est ce que les Européens appellent plus prosaïquement une randonnée :).
En tout cas je comprends mieux maintenant le pourquoi de votre extraordinaire comparatif des eaux minérales. C’est un travail qui mériterait d’être mis en avant et édité dans une revue.
Et ce blog est très intéressant et je n’en doute pas très utile à ceux qui le lisent, j’espère qu’il va continuer.
Effectivement, cette pathologie ne doit pas être due au hasard. Quant à la surmonter, ça n’est pas évident, et la force de caractère joue un rôle considérable.
Oui, il y a le « coup de reins », mais aussi la notion de filtrage/épuration (du sang), et j’ai beaucoup « filtré » dans ma vie, et particulièrement sur ce blog ces dernières années. (Mais que m’est-il donc arrivé ? Une histoire de filtres !)
Mon article sur les eaux minérales (gazeuses) est antérieur (mars 2016) à la survenue (octobre 2018) de mon problème… Mais peut-être était-ce prémonitoire/utile dans ce contexte.
Pour le blog, je m’attache à le continuer, même si ma disponibilité en a pris un coup, en étant conscient qu’il a pris une tournure un peu plus « personnelle », avec l’obligation de me « préserver » de différentes manières (et c’est compliqué)…
Bonjour,
Tout ça me rappelle de mauvais souvenirs : scanners, irm etc… tout ça que c’est pénible, désagréable… je préférerai un examen qui fait mal qu’inconfortable à ce point.
Courage à vous.
Le problème, c’est qu’il y a aussi des examens qui peuvent faire mal…
Et même des carrément « risqués » : Convocation pour euthanasie
;-)
Bonjour,
Si je comprends bien, votre scanner cérébral du 10 juillet n’a pas nécessité l’utilisation du Iomeron. Cela veut dire que l’on peut faire sans ?!!
Alors je m’interroge, pourquoi nous injecter ces produits sachant qu’il peut y avoir des conséquences.
Je dois en faire un très bientôt.
Merci.
Pourquoi ? Par facilité ! Le produit dit « de contraste » rend plus facile la lecture/l’interprétation des radios et autres « scans », mais c’est notoirement toxique pour les reins.
Pour moi, ils ont fait sans, et ils n’ont pas aimé.
Si cela peut vous aider, voici ce qui a été mentionné sur le compte-rendu par le radiologue :
Je n’ai pas eu de « prélèvement histologique » pulmonaire. En revanche, j’ai subi un PET-Scan, examen plus « radical » et à spectre plus large question détection des cellules cancéreuses.
Vous voyez, ils se « couvrent ».
Tout cela n’était qu’une fausse alerte et un mauvais film. :-/
Pour ce qui concerne mon cas spécifique, j’ai eu raison à 100 % de m’opposer à cette injection. Maintenant, pour des cas plus « normaux », ils n’est pas dit qu’ils réalisent l’examen s’ils estiment que le « contraste spontané » est insuffisant.
PS : Rappel du billet d’origine pour cette histoire de produit de contraste –> Convocation pour euthanasie
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