Ce site tourne sous WordPress, un logiciel de gestion de contenu (CMS) bien connu. Quoi que certains en disent, cette plateforme nécessite une certaine expertise technique, d’autant que l’on peut arriver à gérer une véritable usine à gaz, voire une pétaudière ambulante.
Hier, une mise jour de « plugin » (module supplémentaire pour obtenir certaines fonctions) m’a gentiment été notifiée dans mon « backoffice/dashboard ». Heureusement, j’ai désactivé les installations automatiques.
Ce plugin (version “Premium”/payante) a quasiment été refait de fond en comble par ses auteurs. L’intention est louable, sauf que ça a cassé les adaptations/modifications que j’avais réalisées pour obtenir précédemment satisfaction.
Je me suis attelé à la tâche, comme un grand, pour que la mise à jour et ses adaptation « maison » soient en ligne en soirée.
Le temps est-il de l’argent ? À quel tarif puis-je me facturer à moi-même ?
La tentation peut être grande de déléguer, d’externaliser…
L’occasion de vérifier une nouvelle fois les ravages de la « mondialisation »…
J’ai jeté un œil sur l’offre « prestations » de cette société : « Un expert WordPress toujours à votre service, pour tout :
- Personnalisation de plugin
- Personnalisation de thème
- Accélération de site internet
- Réparation suite à malware
- Mises au point et améliorations
- Migration de données
- Fichiers PSD & AI vers WordPress
- Modifications CSS
- Tout travail dans WordPress »
Il n’y a pas à dire, ça peut être tentant…
Et, à votre avis, quel est le prix de cette « expertise » ?
En fait, ils annoncent : « démarre à 8 USD »…
Sachant que le Dollar US vaut 0,877296873 € au cours du jour, cela nous fait donc une facturation horaire à partir de… 7 euros tout compris !!!
Et pour du « one-shot » une heure, nous sommes à 11 $, soit 9,65 € de l’heure tout compris.
Dure réalité de l’Ubérisation/Macronisation…
Bon, ces experts vivent en… Inde !
Mais j’y ai bel et bien accès…
Ah oui, au fait, pour les sociétés d’informatique « d’ici » qui pratiquent depuis longtemps ce que l’on appelle “l’offshore”, l’Inde est devenue beaucoup trop… chère !
© PF/Grinçant.com (2017)
J’ai un collègue qui avant travaillait dans une société qui avait sous-traité une partie du travail en Inde. Au final, ils ont envoyé quelqu’un pour récupérer le soir tous les disques durs des Indiens et les virer le matin tellement ça marchait bien…
Sur les tarif en question dans l’article, j’avais lu sur un site US qui avait demandé un site web avec un budget ridicule : une partie de ceux qui ont répondu ont livré de la merde (dans certains cas, ça ne se déployait même pas), et d’autres plus vicieux avaient implémenté des backdoors (autrement dit, leur but était de se servir de votre serveur).
Après, vous avez toujours le coup de dire que vous facturez 5 heures où l’employé a passé 10 minutes (pas qu’en Inde, j ai un patron qui excellait dans ce type de manip).
Curieusement, la mondialisation devrait tendre vers une égalisation des niveaux de vie et revenus (ce qui n’est certes pas favorable aux Européens), mais c’est pas franchement ce qu’on observe : pour rester dans le domaine de l informatique, entre le salaire d’un Californien et celui d’un Indien, il y a un monde.
Objectivement, les plugins de l’entreprise en question sont plutôt propres et bien faits. Et là c’est du « direct » : l’entreprise est indienne, et ils ne le cachent pas. Ils cherchent à se développer sur ce marché WorPress, et ils n’ont aucun intérêt à faire n’importe quoi.
Ce que vous décrivez est typique des mauvaises pratiques de l’offshore et des SSII.
Dans ce billet, je suis intervenu sur leur plugin (donc à refaire à chaque mise à jour de leur part), et il faut comprendre leur logique et opérer à la marge. Ce qui m’a pris 2 ou 3 heures leur aurait probablement pris une vingtaine de minutes (puisqu’ils en sont les auteurs, ils le connaissent parfaitement) et m’aurait par conséquent coûté un forfait « 1 heure » en « one-shot », soit 11 $.
11 USD, c’est une somme là-bas, mais pour nous c’est peu, surtout dans le domaine informatique/développement web.
Je fais ce parallèle intéressant, car une telle intervention aurait été une sorte de… « Contrat de chantier » ;-)
Par curiosité, je viens de regarder le salaire en Inde :
http://www.payscale.com/research/IN/Job=Associate_Software_Engineer/Salary -> 325 496 roupies, soit 5 400 €/an, autrement dit, la personne gagne 452 €/mois, soit moins de 3 €/h (20 j/mois, 8 h/jour).
À ce tarif, pas étonnant qu’ils arrivent à vous proposer 11 $/h.
PS : En France, les SSII sont les grosses demandeuse de ce type de contrat de chantier, car ça leur permettra de virer les gens au lieu de les mettre en intercontrat. Par contre, dans le cas d’une entreprise informatique classique (pas un vendeur de viande), ça fait moins sens car, à chaque recrutement, il faut que la personne apprenne tout le contexte (outils, architecture du programme, type de produits…). Ce qui fait que la personne n’est pas très opérationnelle avant 2-3 mois (on a plusieurs millions de ligne de code).
« An Associate Software Engineer earns an average salary of Rs 324,302 per year. »
1 euro = 73,8461538 roupies indiennes (Rs ou INR)
–> 4 392 €/an, salaire moyen pour un ingénieur informatique en Inde.
En France, c’est environ 10 fois plus.
L’acronyme « SSII » est devenu tellement insultant, que c’est maintenant le terme « ESN » (Entreprise de Services du Numérique) qui est utilisé, mais le « business » est toujours aussi dégueulasse.
Les « contrats de chantier », c’est en effet du pain béni pour ces « marchands de viande ». :-/
Ce « business » a toujours été « borderline » (cf. délit de marchandage de main d’œuvre), mais là on va leur ouvrir définitivement une autoroute.
Les commentaires sont fermés.