Christian LAJOUX, Président de Sanofi-Aventis France, était interviewé ce matin par Jean-Jacques BOURDIN sur BFMTV/RMC.
Plusieurs éléments méritent d’être soulignés…
- Il a été présenté comme « Président de Sanofi France », alors qu’il n’est que président de l’une des filiales de SANOFI (Sanofi-Aventis France), la holding ayant comme « Président non exécutif » Serge WEINBERG, ancien élève de Sciences Po et de l’ENA (promotion Guernica – 1976), et ancien chef de cabinet de Laurent Fabius, alors ministre du Budget (1981).
Notons également (pour l’aspect « Exécutif ») que le Directeur Général du groupe SANOFI est M. Chris VIEHBACHER, de nationalité germano-canadienne, diplômé en expertise comptable, et président de PhRMA, syndicat professionnel des entreprises pharmaceutiques aux États-Unis. - En tant que Président du LEEM (« Les Entreprises du Médicament »), il a déclaré représenter toute l’industrie française du médicament. Le LEEM est l’ancien SNIP (Syndicat National de l’Industrie Pharmaceutique).
Son pouvoir est donc considérable, s’agissant de toute évidence d’un lobby (le Leem représenterait 270 entreprises adhérentes qui réaliseraient plus de 98 % du chiffre d’affaires total du médicament en France, cf. leen.org). - Comme beaucoup d’individus passant à la télévision, il avait aussi son livre à vendre (Cherche-Midi, collection Santé) :
Médicament : l’état d’urgence
Avec comme sous-titre : Industriels, patients, médecins, médias et politiques… Pourquoi il faut maintenant sortir du grand malentendu - L’auteur est ainsi présenté sur le site de l’éditeur :
Christian LAJOUX
Président du syndicat français de l’industrie pharmaceutique (Leem, Les entreprises du médicament), Christian Lajoux est président de Sanofi-Aventis en France, membre du Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie, président de la Fédération française des industries de santé, administrateur de l’INSERM et de l’AFSSAPS.
Il est aussi Président de l’Institut de Formation des Industries de Santé (IFIS) et Membre du Bureau et du Comité exécutif du MEDEF.
À vous d’apprécier librement l’emploi du temps et les éventuels conflits d’intérêts (AFSSAPS notamment), tout en rappelant que l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (Afssaps) est devenue l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) le 1er mai 2012, notamment suite à l’affaire du Médiator.
Cette mise en situation faite, l’objet est de mettre en avant deux phrases particulièrement significatives de M. LAJOUX…
À une question sur les licenciements chez SANOFI et l’apparente bonne santé financière de l’entreprise, il a répondu :
« Avant de faire un infarctus, on peut être en bonne santé »
Donc les 142 millions d’euros de bénéfices en 2011 de Sanofi-Aventis France, et les 12,8 milliards d’euros (oui, vous avez bien lu) de bénéfices en 2010 de sa holding Sanofi (SIREN : 395030844) ne voudraient absolument rien dire…(1)
Que penser, donc, d’une entreprise en vraie difficulté financière, notamment à cause de la crise ?
Drôle de message et drôle de vision de l’économie !
Quant à la suppression de postes (plus de 900), tout en la confirmant, il a eu une phrase merveilleuse en répondant qu’il s’agissait…
« de suppression de postes, pas de suppression d’individus »
Les mots ont un sens, sans vouloir pinailler, surtout quand l’on porte de tels intérêts, et que l’on passe à la télévision et à la radio, le tout en publiant un livre et en étant dans l’industrie pharmaceutique (censée les sauver, les individus, pas les supprimer).
Erreur, lapsus, ou vieux rêve, la « suppression d’individus »(2) ?
Un vrai patron, un vrai communiquant, aurait plutôt dit :
« Il s’agit de suppression de postes, pas d’emplois »…
« Emploi » au sens « Travail, fonction confiée à une personne, moyennant rémunération ».
Mais il est certain qu’en cette période trouble, la suppression des individus est beaucoup plus radicale !
Merci, M. Christian LAJOUX, de nous l’avoir confirmé d’une manière aussi éclatante.
(1)Source données financières et dirigeants : societe.com
(2)« Supprimer » signifiant :
- Quand il s’agit de quelque chose…
Entraîner la disparition de (quelque chose), éliminer.
- Quand il s’agit de quelqu’un (un individu étant quelqu’un)…
Tuer (quelqu’un), assassiner.
Se supprimer : se suicider.
Crédit photo : Flickr CC BY-NC 2.0 par Coachline
L’interview de cet « individu », sur BFMTV, le 25/10/2012 à 8h30 :
Vidéo (xuleqg) mise en ligne par BFMTV sur Dailymotion, le 25/10/2012 (supprimée –> Hébergée localement, NDLR 11/03/2015)
Addenda du 28/12/2012 : le LEEM change de président, en silence… Quelqu’un de Sanofi (Christian Lajoux) est remplacé par un ancien de Sanofi (Hervé Gisserot), maintenant dans la haute hiérarchie du 7e groupe pharmaceutique mondial, GlaxoSmithKline (GSK).
Extrait du site du Leem : « Le Conseil d’Administration du Leem (Les Entreprises du Médicament) a élu, mardi 4 décembre 2012, Hervé Gisserot à la présidence de l’organisation professionnelle. Les résultats de cette élection seront officiellement proclamés à l’Assemblée Générale du 12 décembre 2012. Le nouveau président prendra ses fonctions le 1er janvier 2013. »
Autre extrait : « Hervé Gisserot, 48 ans, est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (section Service Public), et a suivi le programme « General Management » de l’INSEAD. Après avoir travaillé 12 ans dans le Groupe Fournier, Hervé Gisserot a rejoint Aventis en 1998 (devenu Sanofi-Aventis puis Sanofi), occupant différentes fonctions managériales en France et aux Etats-Unis. Il a pris en 2005 la Direction Générale des opérations commerciales de la filiale allemande de Sanofi-Aventis. En 2008, il est devenu Président-Directeur Général du Laboratoire GlaxoSmithKline France et a pris en septembre 2012 le poste de Senior Vice-Président de GlaxoSmithKline en charge d’une zone européenne comprenant 15 pays dont la France et le Royaume Uni. »
+ Une information édifiante (03/07/2012) sur GSK et les pratiques d’un grand laboratoire pharmaceutique, c’est au USA :
« GlaxoSmithKline condamné à une amende de 3 milliards de dollars pour fraude
La société britannique GlaxoSmithKline s’apprête à payer une amende record de 3 milliards de dollars pour faire cesser les poursuites lancées contre elle par la justice américaine. Accusé de fraude à la santé, le laboratoire a plaidé coupable. »…
© PF/Grinçant.com (2012)
Billet en rapport : Pasteurdon, Institut Pasteur et… Sanofi !