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Lâcher-prise et bougie de la Saint-Valentin

AVERTISSEMENT : Ce billet date de plus d'un an.

Mêche de bougieC’est l’histoire d’une bougie.
Faite avec amour.
Parfumée à la fleur d’oranger.
Et offerte à la Saint-Valentin.

Mais l’idylle n’a pas duré.
Incompréhension et passé torturé.
Rien de tel pour souffler la flamme.
Mais restait cette bougie.

Elle, restait allumée.
Elle, elle voulait durer.
Des heures, des jours.
À essayer de la consommer.

La bougie allumée, en fin de vie
10h55

En ce samedi, j’en voyais le bout.
Encore un peu de cire.
Mais plus pour très longtemps.
Et là, dilemme…

Qu’en faire ensuite ?
Briser le verre ?
La jeter en l’état ?
La vendre sur Le Bon Coin ?

Sentimental était devenu cet objet.
L’ignorer serait mentir.
Mais on ne doit pas vivre avec le révolu.
Le passé est le passé.

Et là, m’est venue une idée.
Et si je lui donnais encore du sens ?
À cette bougie en fin de vie.
Et si je transcendais au lieu de détruire ?

Je la soufflais donc.
Pour sentir encore cette odeur.
Et faire naître des volutes de fumée.
Presque pour une dernière fois.

Bougie souflée, volutes de fumée
11h06

Emballée dans un petit sac plastique.
Avec une petite boite d’allumettes.
Dans ma poche de veste de randonnée.
Et me voilà parti pour une sorte de pèlerinage.

Me voici arrivé dans cette forêt.
Je vous en parle souvent.
Et j’ai mes raisons.
Oh, si vous saviez !

Direction le petit étang.
Très symbolique.
Avec un petit banc en béton.
C’est là que notre flamme est née.

Près d’un arbre, et face à un ilot.
Repère de grandes aigrettes.
Et proche de divins champignons.
Et si je la laissais sur ce banc ?

Et puis non, une autre idée me vint.
Elle avait trouvé son lieu.
Un endroit de communion, de résonance.
Nous y passions à chaque fois, pour elle.

Bougie posée sur ce tronc brisé.
Comme sur un autel, en offrande.
À moins que je ne la mette sous la mousse ?
Ou que je l’enterre, sous les feuilles humides ?

Et puis non, une autre idée me vint.
Autant pousser un peu plus loin.
Et la jeter dans le grand étang.
Dont nous avons maintes fois fait le tour.

La noyer, pour qu’elle ne puisse plus s’allumer.
En faire profiter les poissons, les foulques.
Ou bien les quatre cormorans, au loin.
Mais il faudrait lancer bien fort.

Et puis non, une autre idée me vint.
Je connais une main tendue.
C’est si rare à notre époque.
Et c’est celle de la forêt !

Un symbole que j’ai peur de voir disparaître.
À chaque fois, j’aime le revoir à sa place.
Et le voici, il est bien là !
Ce bras, cette main, comme un appel.

Je pose donc le petit verre dans cette main.
Le verre, la cire, cela tranche sur le bois.
Mais la main ne se referme pas.
Elle ne s’approprie pas l’objet.

Alors, je vais un peu plus loin.
Et je pose la bougie entre deux troncs jumeaux.
Derrière, il y a un grand trou, celui aux salamandres.
Elle avait adoré y descendre, façon chèvre.

Le verre-bougie en gros plan, sur une souche
14h57

J’entends les abeilles en ce début mars.
Ce serait idéal pour la cire.
Mais une grande allée est trop proche.
L’objet risque de ne pas rester.

Alors me vint l’idée ultime.
En fait, inconsciemment, mon idée initiale.
Je vais aller encore plus loin.
Dans un endroit secret, ou presque.

M’y voici, là, sous les racines de deux chênes.
Il y a une petite source d’eau pure.
Lieu de vénération, puisqu’il y a une vierge.
Et quelques offrandes.

Je ne suis pas croyant, mais cela m’inspire.
J’enjambe le petit ruisseau.
Et je place le verre à côté de la vierge.
Je craque une allumette et allume la bougie.

Oh, cela ne devrait pas durer bien longtemps !
Je regarde la scène d’un air apaisé.
En me disant que c’est une belle fin.
Pour ce cadeau devenu si embarrassant.

La flamme vacille, comme la vie.
Puis, à 15h29, elle s’éteint.
Parfumant un peu plus la forêt.
Et scellant la fin de notre histoire.

La source, la grotte, sa vierge, et la bougie définitivement éteinte
15h29

Je relève les yeux pour voir une autre lumière.
Celle du soleil entre les deux arbres.
Gardiens attentifs et attentionnés de la source.
Avec le goutte-à-goutte de leurs racines et de la mousse.

Arbres et lumière au-dessus de la source
15h33

Le cœur lourd, ou allégé, je ne sais pas encore.
Me voilà reparti, dans cette allée.
C’est mieux que le hors-sentier pour le retour.
Pour un trajet qui se fera sans détour.

Une allée pour quitter cette forêt
15h44

Voilà, j’ai lâché prise.
Et je pense l’avoir fait d’une bonne manière.
Une histoire née en forêt, et meurt en forêt.
Quoi de plus naturel, voire de plus beau ?

Et par ce geste symbolique, cette démarche ultime.
J’envoie de bonnes ondes, et pense une dernière fois…
« Chouchouzinha, prends bien soin de toi ! »
Quant à cette forêt, je lui dis Adieu.

Et maintenant, je m’en vais écrire cette histoire…
(Publiée à 23h36)

Vignette : « On a vendu la mèche » © PF/Grinçant.com (2016)

© PF/Grinçant.com (2016)

8 commentaires sur “Lâcher-prise et bougie de la Saint-Valentin”

  1. Avatar photo

    Joli parcours !

    La forêt, le soleil, la nature sont toujours au rendez-vous sans états d’âme, le propre de l’humain…

    La verrine est jolie aussi, un peu de terre de la forêt, une bouture d’un de ses plants, et hop ! Un bout de forêt à la maison :)

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      PF/Grinçant.com

      Dans un tel endroit, tout devient beau, même une verrine ordinaire…
      Elle est maintenant beaucoup mieux là où elle se trouve que chez moi ;-)

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      PF/Grinçant.com

      Ah, au fait, pour vous qui aimez la nature, et puisque j’en parle dans mon billet :

      Quatre cormorans sur un étang de Bretagne, en pleine forêt

      Les Quatre Cormorans, c’est beaucoup mieux que les « Quatre Fantastiques » ;-)

      PS : Excusez la qualité, c’était à main levée et à fond de zoom…
      (J’ai aussi un peu de vidéo en réserve, mais bon, ces bestioles sont un peu statiques.)

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        La qualité c’est le sujet ;-)

        Ces cormorans doivent agacer les pêcheurs, c’est le genre qu’il vaut mieux inviter au ciné qu’au resto :-)

        En mer, ils peuvent descendre à 50 m de fond pour capturer leurs proies, une démonstration flagrante d’une espèce qui s’est adaptée à son environnement.

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          PF/Grinçant.com

          Justement, je m’étais installé dans une barque de pêcheur, sur la berge ;-)

          Allez, une petite séquence d’une minute, toujours à main levée, pour montrer leur environnement :

          Première fois que j’en vois autant ici…
          Ils doivent attendre l’Arche de Noé ;-)

          1. Avatar photo

            Merci pour la visite.

            Votre zoom est plutôt performant et la tenue maîtrisée ;-)

            Ici aussi près de Toulouse je croise ces pêcheurs ailés quand la mer doit être trop forte, des mouettes, les hérons et les canards ont de la concurrence…

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              PF/Grinçant.com

              À ces distances, il n’y a pas vraiment de miracle possible avec de longues focales, surtout à main levée, d’autant que je ne dispose pas de matériel « professionnel ».
              Par contre, c’est un peu biaisé, parce que je passe aussi par le grand-angle ;-)
              Mais, comme vous le disiez, la « qualité », c’est essentiellement le sujet.

              Lorsque je suis arrivé en bord d’étang, les foulques ont donné l’alerte aux canards qui se sont envolés en donnant l’alerte aux cormorans…
              Il m’a fallu, même loin, me faire discret pour retrouver les quatre sur leurs perchoirs. Et je l’ai pris comme une récompense et un bon signe, malgré leur couleur noire, surtout en ce jour de « démarche » un peu spéciale.

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                Oui, c’est magnifique cette coopération inter espèces, le tout associé à une acuité exceptionnelle. Ils ont raison de se méfier, tous ne s’approchent pas avec vos bonnes intentions, hélas.

                Au bout d’un moment, normalement, leurs trajectoires retrouvent leur rythme, surtout si vous vous déguisez comme l’ami c’est télème ;-)

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