L’an 2000 est passé depuis plusieurs années.
Je viens d’apprendre que cette décennie serait ma dernière.
J’ai été transfusé.
Mon sang a été remplacé par un sang étranger.
On me l’a annoncé.
Je vais mourir bientôt.
Je suis atteint de la peste porcine.
Pas celle des cochons.
C’est une nouvelle variété qui ne touche que les humains.
Le sang que j’ai reçu était contaminé.
C’est une catastrophe, je vais mourir bientôt.
Il paraît que je ne suis pas le seul à être condamné.
Un procès va avoir lieu.
Le centre de transfusion savait.
L’administration savait.
Le gouvernement savait.
Et ils n’ont rien fait.
Et je vais mourir…
Mon cœur est serré, les larmes aux yeux, je réclame vengeance.
Il faut rétablir la peine de mort.
Ce sont des criminels.
Il faut les condamner pour crime contre l’humanité.
Ma mort sera la preuve du génocide.
C’est trop injuste.
Tous ces irresponsables doivent payer.
Les lampistes ne doivent pas être les seuls à trinquer.
Il y a vingt ans, un cas similaire s’est produit.
Une maladie, le sida, avait été inoculée à des hémophiles.
Depuis, la maladie a été enrayée, mais des innocents sont morts.
Il y a eu un procès, en correctionnelle, comme pour un vol de mobylette.
Les condamnations ont été légères.
Les politiques, eux, n’ont pas vraiment été inquiétés.
Heureusement, car à l’époque j’étais ministre, ou premier ministre, je ne sais plus.
Dans mon cas, ça n’est pas pareil, il y avait un précédent.
Ils auraient dû faire attention.
Ils doivent payer, très cher, tous.
Car aujourd’hui, je suis innocent, et je suis atteint de la peste porcine…
© PF/Grinçant.com (Projections 1992-1993)