Gare SNCF de province, attente d’une correspondance.
Retard du train, comme très souvent.
Au motif « Sortie tardive du dépôt ».
Le genre de « motif » qui sent l’enfumage, car quelle est la vraie raison ?
Une panne ? Un conducteur absent ? Une motrice démotivée ?
Mais là, entre deux portes, et à côté d’un défibrillateur en libre service, la solution !
Pour ne pas s’énerver, pour passer le temps, voire pour se cultiver.
Un « Distributeur d’Histoires courtes » !!!
Pas loin du kiosque Relay dont le gérant doit apprécier l’intention.
« Votre gare vous offre un petit plaisir à lire »… Et pourquoi pas une « gâterie » ?
« Choisissez votre temps de lecture », avec 3 boutons : 1, 3 ou 5 minute(s)…
- « 1 minute », catégorie « Humour noir » — Mésusage du pouvoir – Clément Paquis —
47 centimètres de papier - « 3 minutes », catégorie « Slam » — Mi Amor – Le Shung’ —
59 centimètres de papier - « 5 minutes », catégorie « Voyage poétique » — GR5 – vision d’infini – LCBeat —
104 centimètres de papier
Me voilà avec 2,10 mètres de papier « thermique », sans aucune précision au dos s’il est « Sans BPA » et/ou « Sans PHÉNOL ajouté », comme il est souvent indiqué sur les tickets de caisse utilisant le même principe d’impression.
En fin de chaque « histoire », le logo SNCF, en gros, et deux mentions :
- « La Gare de (Bip) vous offre des histoires à lire… sans attendre. »
- « Retrouvez cet auteur, et plus de 80 000 autres histoires sur (www.)short-edition.com »
Ben si, justement, ça n’est pas « sans attendre », c’est en « attendant », et longtemps même !
Déchaîné, j’en demande une quatrième, de seulement 1 minute…
Mais là, l’engin se met en rideau, et le bouton concerné clignote furieusement alors que je contemple la fente… en grève !
À ce stade, je me demande si ça n’est pas du cynisme poussé à l’extrême…
Ça coûte combien cette histoire ? C’est payé par qui ?
Et si les trains arrivaient tout simplement à l’heure ?
Et sans que l’on nous raconte des « histoires » ???
Vignette : « La fente à histoires, ça complète les annonces SNCF » © PF/Grinçant.com (2017)
© PF/Grinçant.com (2017)
Un petit « brainstorming » d’énarques pour un peu de « brainwashing » des clients/usagers !
Nos têtes d’œufs sont très créatives en bricoles qui n’ont à priori aucun intérêt pour le voyageur, d’autant plus à notre ère du tout connecté.
À mon avis, la seule VRAIE utilité est un arrosage discret, un ruissellement en quelque sorte ! Les régions où l’épidémie sévit sont la Bretagne, IDF et PACA.
Selon la SNCF elle-même, peu de déploiement de ces historiettes.
==> sncf.com/fr/presse/article/distributeurs-histoires-courtes-19092016
Une petite recherche sur le Net de la boîte, et c’est plutôt brumeux…
Effectivement, à l’époque de la 4G et du Wifi « gratuit » dans les gares, ce type de borne parait totalement ubuesque. Si on veut lire quelque chose sur une bandelette de 8 centimètres de large, autant le faire sur un smartphone ou une tablette (et directement sur leur site).
En plus, c’est une espèce de « fausse loterie » pour les « auteurs » qui n’ont quasiment aucune chance d’être « rémunérés » correctement.
J’ai regardé les conditions d’édition, c’est assez sidérant, et là j’ai l’impression d’avoir affaire à un distributeur de PQ de luxe aux frais des voyageurs.
D’ailleurs, ils appellent ce papier thermique du « papyrus »…
C’est d’autant plus « court » — comme histoire —, que ça a vocation à aller directement à la poubelle après lecture. Et même, ce type d’impression n’a pas une grande longévité…
Bref, j’en reste sur mon impression de cynisme concernant la SNCF, même si ce « gadget » vise aussi d’autres structures.
Encore un signe de décadence de notre société. Ça peut paraitre anodin comme cela, mais ça ne l’est pas du tout. :-/
PS : Pour moi qui fais dans l’écrit, et dans une société où tout n’est plus qu’ubérisation/exploitation, je trouve que ces textes — « distribués » de cette façon — donnent un nouveau sens — encore plus péjoratif — à l’expression « littérature de gare »…
Je suis d’accord avec ce que vous dîtes. Ce qui me laisse pantoise, c’est le mode de fonctionnement de cette entreprise où sur leur site il est spécifié que l’auteur choisi pour être diffusé est primé de 100 € et la dotation annuelle de 3000 €… sic ?
De plus, les comptes de l’entreprise sont publiés avec une déclaration de confidentialité.
Pour ma part, je suppose que leurs installations en gares sont payées via nos impôts dits régionaux, quel voyageur et/ou citoyen a demandé un tel équipement ?
Ça doit relever de l’économie circulaire : on arrose un « pote » pour qu’il finance autre chose en sous-main ?
C’est compliqué et plutôt glauque… :-/
Des paiements ne sont « déclenchés » que par seuils de 100 € atteints, autant dire jamais.
J’ai consulté les 3 « histoires » récupérées en gare sur leur site, et c’est édifiant, à cet instant :
– “Mésusage du pouvoir” –> 717 « lectures » (en plus de 2 ans)
– “Mi Amor – Le Shung’” –> 1301 « lectures » (en plus de 5 ans)
– “GR5 – vision d’infini” –> 311 « lectures » (en plus de 2 ans)
Ça oscille donc entre 150 et 350 affichages/impressions (ce qui ne veut pas dire lecture au sens normal du terme) max par an (moyenne) – et pour du « Finaliste/Lauréat » –, autant dire peanuts.
De plus, il faut remporter des « concours » pour envisager un peu de visibilité et une éventuelle « rémunération ».
Bref, du contenu à bon compte pour la plateforme, et des « auteurs » bien ubérisés, voire pire…
Apparemment, ces bornes, c’est en mode locatif pour les « clients » comme la SNCF.
Probablement aussi un moyen de se donner un « vernis culturel »…
Je pense qu’il y a aussi des subventions.
En plus, oui, c’est plutôt (très) opaque, et je ne sais même pas de quelle « économie » cela relève…
Et encore, je n’ai pas tout creusé, mais rien qu’en survolant, ça me donne la nausée. :-/
Je n’étais pas passée dans cette gare depuis cet été, et voici ce que j’ai trouvé dans le hall principal : le même gadget totalement inutile Short Édition.
Ici, la SNCF a poussé le vice jusqu’à mettre une borne afin de savoir si l’on est satisfait des travaux dans la gare… Sans aucune possibilité de différencier les différents types de travaux échelonnés sur une longue période, et pas plus de possibilités depuis le site internet de la gare où ce type de réclamation peut se faire uniquement via Twitter ou Facebook, alors que par ailleurs une quinzaine de mails différents sont disponibles, un comble !
La SNCF pourrait aussi installer un distributeur d’autographes de Guillaume Pepy à côté, tant qu’à faire dans l’utile, voire l’indispensable…
Arf… la vache ! Non, sincèrement, non.
Et, cette habitude de « marketeur attardé » de mettre des palmiers et autres plantes en plastique partout, c’est ridicule et cher…
Là SNCF doit être certaine que cela purifie l’atmosphère, tout comme les « vraies plantes »…
De même, les histoires courtes en distributeurs, ça change forcément la vie des voyageurs qui viennent pour un train, si possible en bon état et à l’heure.
La SNCF est restée embourbée dans l’organisation de l’entreprise d’Etat, en y rajoutant les pires conneries de l’économie libérale…
Socrate, le logiciel de réservation est une « côte mal taillée » d’Amadeus, logiciel développé à la base par Air France, Alitalia, Iberia et British Airway en 1964, à son « embarquement » en 1991, il fallait vraiment avoir besoin de prendre un train en période rouge… J’ai personnellement testé le voyage mode « wagon à bestiaux » sur un trajet de 500 km environ, sur la plateforme de 2 voitures Corail, en hiver !
PS : … pour le train à l’heure, le panneau d’affichage annonce, le TGV en retard… Pour celui-ci on peut mettre la faute sur la CFF, il est en provenance de Zürich.
Grosse galère à la gare Montparnasse aujourd’hui (trafic SNCF totalement interrompu)…
J’espère qu’il y a beaucoup de « distributeurs d’histoires courtes » (et une provision de rouleaux de « papyrus ») dans cette gare pour que les voyageurs puissent passer le temps (bien long, lui).
PS 19h50 : Oui, je vois qu’il y en aurait au moins un… « Espace d’attente, près de la boutique grande ligne à la SNCF ». Il a probablement été dévalisé, enfin s’il n’est pas en panne !;-)
Dans ma gare, il n’y a pas ce genre de gadget, et pourtant tous les jours il y a des retards (je prends le train chaque jour pour aller travailler), avec des excuses du genre : grève, signalisation en panne, manque de contrôleur, manque de conducteur, train non préparé, suicide sur la voie, etc.
En période de grève, je fais aussi grève de ticket.
C’est ma manière de contester. Bien peu de chose j’en conviens.
Les taper au portefeuille, c’est la meilleure solution, surtout lorsque l’on voit la gabegie avec ce genre de machin*.
Pour les « motifs », ils ont de l’imagination et certains laissent parfois perplexe…
Récemment, pour le week-end de Noël, pas moins de 2 heures de retard (pour un trajet précisément de 2 heures), j’ai vu ça (copie d’écran de l’appli SNCF sur smartphone) :
Et quand un passager a eu des « difficultés pour prendre son billet », il se passe quoi ? Le contrôleur (si pas en grève) lui colle une amende !
*PS : Si vous voulez ce genre de gadget dans votre gare, faites une pétition, je suis presque certain que vous trouverez des signataires. ;-)
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