Je vous préviens, toxines à haute dose.
Mais, si vous êtes bien dans votre tête, lisez ça en mode “rap”, cela devrait vous amuser, voire vous ébahir.
Si vous êtes mal, cela devrait vous montrer à quel point il faut en sortir, surtout si vous en êtes à ce stade avancé, au point de polluer même des inconnu(e)s.
Et, si vous êtes suicidaire, merci de ne pas lire ce qui suit.
Hier, vendredi, à l’heure où certains couples se refont le temps d’un week-end…
Je trouve deux messages sur mon répondeur Orange.
D’un numéro de portable inconnu, d’une voix féminine plutôt jeune, mais geignarde.
18h45
« Oui, ben, le sort s’acharne, hein, je suis arrivée là il y a cinq minutes, à trente-cinq, euh, le train est annoncé avec une heure de retard, impossible d’accéder au guichet, alors que c’est censé fermer à sept heures, maintenant c’est sept heures moins quart, et même sept heures moins vingt, ils ne prennent plus personne, donc il faut que je passe par une borne, je déteste ça. Je commence à avoir le moral dans les moins quarante, là, je me demande si je ne vais pas renoncer. Euhhhhh (long silence), c’est dommage que je sois que sur le répondeur, tu m’aurais dit ce que tu en penses, mais là c’est trop, là. Là, j’en ai marre de vivre comme une pauvresse, comme ça, sans bagnole. Là, franchement, ça me gave de chez ça me gave, quoi (ton haineux). Euhhhh, faire tout le trajet depuis le bureau, et puis voir une heure de retard, ça fait arriver à dix heures quoi, alors que déjà je crève de faim, et tout, euh. Franchement, j’en ai jusque là. Écoute, j’espère que tu auras ce message, sinon je rappelle. En plus, je ne suis plus qu’à trente pour cent de batterie. Allez, à plus (ton d’une mourante). »
18h49
« Oui, ben encore moi. J’essaye de te joindre, donc c’est la totale (ton hargneux), près d’une heure de retard, pas de guichet, toi tu réponds pas. Euhhhh, là je suis dans un état psychologique… Je n’ai pas de nouvelles, euhhhh… Là, franchement, ça fait un peu trop, quoi, y’en a marre, là, le truc, le guichet qui ferme à sept heures, et on me ferme la porte au nez à trente-huit, plus une heure de retard, pourquoi pas deux pendant qu’ils y sont. Euhh, je me vois mal tenant pendant trois heures, sans bouffer, à rien foutre, à… Là, franchement, ça me saoule quoi. Euh, écoute, euh, je rebrousse chemin, on verra, euhh, on verra ce qu’on fait, euh. Là, j’en ai un peu marre, je voudrais un peu de confort de temps à autre. Voilà, bon, bonne soirée à toi, euh, j’espère que tu auras tous ces messages, que tu les écouteras, euh, parce que je sais pas si j’aurais encore de la batterie, je sais pas si j’entendrai mon téléphone, euh, euh, là je suis découragée. Bon, comme tu aimes pas quand je suis comme ça, euh, euhhhh… J’en ai jusque là de tout, quoi. Suffit qu’on fasse un truc, qu’on veuille faire un truc, et y’a quarante mille difficultés qui surgissent, euh. Je crois qu’on s’est pas fait une bonne vie tous les deux, voilà, c’est ça que je crois. Donc euhh, euhhhh… Tu vois, je serais comme toutes mes collègues, comme mes trois mille collègues, là, je prendrais mon volant, d’une voiture cossue, euh, et je ferais ce que je veux, et voilà, et euhh, le sort en a décidé autrement (silence), c’est la vie. Allez, j’espère que tu écouteras tout ça, et que t’as pas acheté trop de choses qui se périment, mais de toute façon rien ne se périme d’un jour à un autre, je pense qu’il ne faut pas que tu t’inquiètes côté bouffe. Écoute, voilà, bon, je sais pas où t’es, puisses-tu avoir ces messages. Allez, bisou, à plus. »
Puis, la voix de ma messagerie Orange :
« Si vous souhaitez rappeler votre correspondant, dites “Rappeler”, pour répéter, dites “Répéter”, sinon… »
Oh que non ma p’tite dame automatisée, je ne veux surtout pas rappeler cette personne !…
Et, s’il y a répétition, ce sera uniquement pour transcription !
Et maintenant, je comprends mieux pourquoi les guichets SNCF ferment en avance et pourquoi les trains prennent du retard…
C’est pour mieux s’isoler de telles toxines !
Je plains sincèrement la personne qu’elle croyait appeler !
Vignette : « Il y a aussi de la souffrance sur les quais de gares » © PF/Grinçant.com (2017)
© PF/Grinçant.com (2017)
Un billet en rapport, parmi d’autres : Du boulet en randonnée
Dans notre petite « vie tranquille », on a du mal à s’imaginer que de telles situations tragi…comiques puissent pourrir la vie des gens. J’ai eu ma part de revers plus ou moins dramatiques dans ma vie, mais là on frise la complaisance dans la pleurnicherie gratuite.
On dit toujours qu’il faut aider son prochain… mais pour ce coup je n’adhérerais pas moi non plus. Chacun a la vie qu’il mérite, j’en suis de plus en plus persuadée, même si mes propos choquent certains, il n’est jamais trop tard pour prendre les bonnes décisions et améliorer ses conditions de vie. Cela demande parfois de gros sacrifices, mais l’on y gagne en qualité et repos de l’esprit !
À ce point, on a effectivement du mal à s’imaginer. Et encore, je n’ai pas mis la bande-son, car le ton en rajoute dans l’insoutenable lourdeur de l’être.
Et notez la manipulation/le chantage, même en creux : « …je pense qu’il ne faut pas que tu t’inquiètes côté bouffe. »
Sous-entendu qu’il faudrait s’inquiéter pour le « reste »…
« Aider » dans un tel contexte relèverait du masochisme… Et même appeler le 112 serait un mauvais coup à faire aux pompiers.
Je trouve ces messages parfaitement toxiques et pitoyables, mais ça existe, et je reste dans la sidération.
PS : « Vos propos sont cinglants… mais tellement bien exprimés et ressentis, je pense, par un très très grand nombre d’entre nous. » –> Mais combien vont oser s’exprimer/réagir comme vous le faites ???
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