Elles étaient quatre.
Dans ce petit pochon.
Éventré pour les aérer.
Mais ça n’a pas suffi.
Quatre carottes « des sables ».
Des petites, tout juste majeures.
Mais solidaires, là, dans le noir.
À patienter, pour un triste sort.
Sans doute lavées, puis épluchées à vif.
Pour être cruellement râpées.
Ou bien ébouillantées, blanchies.
Un comble pour ce bel orange.
La fin sera forcément triste.
Pour assouvir la faim d’autrui.
Malheur de la carotte.
Surtout des sables, même pas d’Olonne.
Mais, dans cette terrible attente…
Un drame s’est déroulé.
Comme une maladie.
Du blanc est venu.
Une moisissure.
La malade s’est faite discrète.
Pourvu que ça passe…
Surtout ne pas bouger.
Afin d’éviter la contagion.
Et si les autres le remarquaient ?
Que feraient-elles ?
Mais la fuite est impossible.
La solidarité est obligatoire.
Tranquillement, le temps passe.
Le blanc devient plus blanc.
Et la carotte subit.
Pleine d’angoisse.
Les autres serrent les fesses.
Pourvu que le sable les protège.
De ce champignon envahissant.
Capable de les phagocyter.
L’humain fera-t-il le tri ?
Avec un si mauvais CV.
Une telle difformité.
Devenue inapte en société.
La carotte malade craint la poubelle.
Les trois autres espèrent moins cruel.
Autant finir dans une gamelle.
Même sans béchamel.
L’angoisse est maintenant partout.
Chez la carotte moisie.
Comme chez les plus saines.
Dure vie en société !…
Mais le prédateur est là.
Beaucoup moins regardant.
Tout est bon pour se gaver.
Même avec un peu de moisi.
Finalement il y aura égalité.
L’une sera un peu mieux épluchée.
Avant de toutes finir dans un bain chaud.
En dégageant un si bon fumet.
Comme quoi…
Ça ne sert à rien de se faire du mauvais sang.
De se mettre la rate au court-bouillon.
De faire du mauvais jus pour un champignon.
Quand un bêta a besoin de carotène.
La fin sera la même, et pas forcément obscène.
Vignette : « Elle germe, même dans l’adversité » © PF/Grinçant.com (2017)
© PF/Grinçant.com (2017)
Résumé intellectuel pour Google : « Quatre carottes des sables dans un pochon. Angoisse commune, car l’une est attaquée par une moisissure. Allégorie et psychologie autour d’un drame à huis clos. »
Un vieux (2012) billet (éventuellement) en rapport : Discriminations à l’emploi, et si on les affichait ?
Vrai billet au titre « putaclic » qui montre que je pratique intensivement la course à l’audience ;-)
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