Alors voilà, on va parler couture.
Tout le monde porte au moins un string.
Voire un slip ou une culotte.
Certains ont même des jeans à 9,90 euros.
Ou des vêtements de boutiques de mode « tendances ».
Avec des prix faibles, mais des marges énormes.
Les nommer serait leur faire de la pub, alors évitons.
Mais ça marche, c’est optimisé, et c’est le jackpot.
Avec des productions aux techniques et astuces secrètes.
Mais, même dans le plus onéreux, le plus luxueux…
Les méthodes sont les mêmes.
Et la « culbute » est encore plus considérable.
Question du dimanche…
Combien y a-t-il de mètres de fil dans une chemise ?
Ou un pantalon, une robe, une veste, une paire de chaussettes ?
Et dans le prix, il n’y a pas que le fil…
Il y a tout le reste, les boutons, les fermetures éclair…
Et surtout, la main-d’œuvre !
On le sait, depuis un sinistre 24 avril 2013…
Jour de l’écroulement d’un atelier de confection à Dacca…
Beaucoup de ces choses sont fabriquées au Bangladesh.
À cette occasion, on a découvert que beaucoup de « marques » y étaient.
Et exploitaient des « ouvrières », et parfois même des enfants.
Certains y ont laissé leur peau à cette occasion.
L’exercice du jour est de recoudre un bouton.
Oui, mais voilà, il n’y a plus de fil noir…
Alors il faut en acheter, et vite !
Petite virée dans cet Intermarché ouvert le dimanche.
Avec des étudiantes hôtesses de caisses.
Jour de chance, il n’y avait pas que du blanc, il y avait aussi du noir.
Fil polyester pour « Tissus moyens et fins ».
Bobine de 200 mètres, ça suffira pour un bouton.
Marque « Prima », visiblement le nom du magazine…

Article Référence 664100…
Prix catégorie « P »…
Le barème indique 3,90 euros !

L’État encaisse 0,65 € au titre de la TVA
Alors voilà, quel est le vrai prix ?
Celui de cette bobine…
Ou celui des vêtements en fil polyester, pas les plus chers ?
L’emmerdeur que je suis va encore claquer un bouton de colère.
Car ça va mieux dans la filière textile au Bangladesh, certes.
Mais c’est encore loin d’être au top.
Figurez-vous que le salaire minimum là-bas était de 3 000 takas (devise locale).
Et que, suite à la catastrophe de Dacca, les producteurs de la filière textile au Bangladesh…
Ont « accepté » (péniblement) en novembre 2013 de le passer à… 5 300 takas !
Ça représente une jolie hausse de 77 %, c’est royal !
Oui, mais le taka de l’époque était côté 0,01283 dollar US…
Cela nous fait donc un salaire mensuel de 68 US$.
Comme l’euro se vautre en ce moment…
Il est aujourd’hui à 1,04965 dollar américain…
Une couturière bangladaise est donc payée 65 euros par mois.
Soit l’équivalent d’un peu moins de 17 bobines de ce fil Prima.
Soit 3 400 mètres de fil polyester noir.
Soit, au poids et au détail, un vrai produit de luxe ici.
Bon, ça n’est pas tout, mais où sont les aiguilles ?
Vignette : Vitrine d’un magasin radin sur les perruques © PF/Grinçant.com (2015)
© PF/Grinçant.com (2015)
Billet en rapport : Un pull qui dérange
L’art et la manière de mettre le doigt où ça fait mal.
Ma remarque c’est : si les couturières du Bangladesh sont toujours exploitées, nous n’en sommes pas moins les pigeons pour une bobine de fil.
A ce prix, ne vaudrait-il pas mieux acheter un nouveau vêtement plutôt que de vouloir raccommoder un bouton ?
Mais acheter du nouveau profiterait encore plus a ces marchands d’esclaves !
Le cercle est vicieux et vicié.
Exact ! Et même remarque pour le pressing…
Le prix de certains vêtements est tellement faible que l’on se demande s’il ne vaut pas mieux les jeter plutôt que de les réparer, voire de les laver.
Sur le coup, cette bobine de fil, c’est un peu comme les pièces automobiles, probablement en pire. On se moque de nous, et c’est colossal !
Quant aux forçats du Bangladesh ou de Mauritanie, je préfère ne pas imaginer leur véritable situation.
Mais le parallèle est saisissant, en imaginant que notre devise soit cette bobine de fil, une monnaie comme une autre après tout… (On pourrait même couper des bouts de fil pour avoir des centimes.)
« Le cercle est vicieux et vicié. »
Totalement.
Mais avez-vous vérifié qu’il y a bien 200m de fil sur cette bobine ? Peut-être n’y a-t-il que 195m ou 190m, ce qui ferait 5%, voire plus de bénéfice non déclaré. Quand on voit comment ils nous volent, ils ne sont pas à cela près.
Non, je n’y ai pas pensé. Et qui ira vérifier cela ? Surtout pas ceux dont c’est pourtant le job !
De toutes les manières, nous-mêmes ne sommes plus à cela près tellement c’est devenu la norme.
À moins que je m’y colle ? ;-)
Je sais que vous n’aimez pas Amazon, mais quand même !
Et à ce prix là, ils font encore du « bénef »…
Et j’ai trouvé la même chose encore moins cher.
Avec le port gratuit !!!
Des enchères sur un lot de bobines de fil à coudre… C’est vous dire où nous en sommes !
Je préfère m’arrêter sur l’offre Amazon…
Ça nous fait 9 750 mètres de fil pour 11 euros, tout compris (coffret et port).
Soit les 200 mètres à 0,23 €.
J’ai donc payé ma bobine 17 fois ce prix-là !
Merci, ça illustre parfaitement mon billet ;-)
PS : Il y avait urgence, et effectivement, pour moi, ces « solutions » sont le diable, mais elles vont finir par s’imposer devant tant de foutages de gueule.
Ces solutions sont peut-être « le diable » car elles détruisent vraisemblablement des emplois dans le pays, mais elles se sont imposées pour moi de longue date.
Si je suis prêt à payer un article plus cher pour favoriser le commerce local, je ne suis pas prêt à enrichir le commerçant dans des proportions sans limites.
J’ai eu besoin d’un robinet pour dépanner une petite vieille au village.
Un Grohe premier modèle à 99€ avec remise « pro » chez le grossiste.
– Vous comprenez, les frais de port dans l’ile –
Le même à 67€ livré sur internet… Cherchez l’erreur !
Les frais de transport sont la grande excuse de l’ile.
Seul souci, ils sont compensés par la région qui paye la délégation de service public.
On paye donc deux fois…
Alors j’achète sur la toile !
Je sais, je sais.
J’y viendrais peut-être, notamment devant l’évidence.
En attendant, cela montre à quel point ça fait mal d’être « patriote », ou consommateur un tant soit peu responsable.
On se fait tellement niquer, qu’à la fin on finit par faire l’impensable.
Mais on nous y pousse… Alors qu’ils ne viennent pas pleurer !
Bien que je suive complétement ce que vous racontez dans cet article…
Je tiens juste à rajouter une chose… Mon côté « réac fataliste »…
Que feraient-ils, ces gens sans ce job « très mal payé » (bien entendu :) )… Peut-être rien du tout…
On perd des fois un dictateur… mais on trouve parfois pire… les exemples ces dernières années ne manquent pas, malheureusement…
Il vaudrait peut être mieux que ces gens ne fassent rien de ce genre… Au moins, ils s’organiseraient probablement autrement !
Ils sont les dindons d’une mauvaise farce mondiale, et peuvent même en mourir.
Et les acheteurs de ce genre de bobines se font en plus arnaquer…
Où est l’erreur ?
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