Bonjour, mon nom est Ulysse.
Je suis un chat de l’au-delà et je vais vous conter une bien triste histoire.
D’en haut, je vous vois.
Devant votre TV, à regarder Les Experts, NCIS, Esprits criminels…
C’est d’ailleurs cette dernière série qui me pousse à vous écrire.
Vous vous dîtes « Oh, c’est une fiction, et puis c’est aux US… »
Et ce sont toujours des humains qui sont d’atroces victimes d’horribles tueurs !
Et pourtant, même dans nos contrées de France, il s’en passe des choses.
Et des pas belles, je puis vous l’assurer.
Voilà, je menais ma paisible vie de chat dans une commune plutôt recherchée de la région parisienne.
J’avais une maison, un jardin, dans une rue tranquille, pas loin de l’enfer de la Nationale 20.
Dans le quartier, il n’y avait que des maisons individuelles.
Comme beaucoup de chats, je ne m’éloignais jamais beaucoup de mon point d’attache.
Un rayon de 100 mètres est bien suffisant.
D’autant que j’avais de la compagnie dans ma petite famille.
Quand je prenais des risques, c’était du haut d’un mur ou d’une branche.
Pour mieux narguer.
J’étais d’un naturel plutôt confiant, mais sans plus.
De temps en temps, il y avait un bonhomme un peu bizarre qui rodait.
Il passait et repassait, en appelant « Minou, Minou ».
Et puis, je ne sais pas comment, il s’est procuré mon nom.
Peut-être avait-il entendu mes maîtres m’appeler.
Lorsqu’il m’apercevait, il disait maintenant « Ulysse, viens mon gentil chat ».
Je me suis habitué à cet inconnu, à cette voix.
Ensuite, il s’est permis d’ouvrir le petit portail qui ne fermait pas à clef.
Puis il est entré dans le jardin, essayant de venir à ma rencontre.
Méfiant, je suis resté éloigné.
Retraité, il n’avait apparemment pas grand-chose à faire de ses journées.
Dans le quartier, on l’appelait « Monsieur Chat »…
Figure a priori anodine à laquelle je devais bien m’habituer.
Et puis, vu d’un chat, c’est plutôt rassurant un tel surnom !
Un peu comme un rôdeur à la sortie des écoles, avec son air mielleux, il revenait.
Et il est encore rentré dans le jardin avec quelque chose à la main.
« Ulysse, Ulysse, viens, c’est pour toi ! »
Je me suis approché, flairant un morceau de viande.
Une fois avalé, je me suis frotté contre ses jambes en ronronnant, pour remercier.
Puis, d’un pas nonchalant, j’ai fait mine de m’éloigner.
Oh, je n’ai rien vu venir !
Un grand coup, un grand coup de pied dans l’arrière-train m’a propulsé loin, très loin.
Un ballon de foot aurait ri, mais moi pas.
Sentant une douleur immense dans le corps, je m’en suis allé me terrer.
Mes maîtres m’appelaient, mais je les ignorais.
La nuit est tombée, et la douleur empirait.
Finalement, je suis allé dans la cabane de jardin, et je me suis allongé, terriblement fatigué.
Et puis, au petit matin, la porte s’est grande ouverte.
« Ah, Ulysse, tu es là ! »
C’était mon maître, qui a vite vu que je baignais dans une marre de sang.
J’avais l’arrière-train explosé !
Rejoint par sa compagne, il m’a emmené chez le vétérinaire.
Une femme adorable, pleine d’empathie.
Elle a fait une radiographie : une patte presque arrachée du bassin !
J’ai ensuite été opéré par un chirurgien spécialisé.
Pendant l’anesthésie, je ne cessais de revoir la tête de « Monsieur Chat ».
Et puis je suis rentré chez moi.
Un énorme bandage autour du tronc et à la patte arrière gauche.
Interdiction absolue de sortir.
Je suis devenu totalement invivable.
À chaque fois que j’entendais mon nom, je revivais la scène, terrifié.
Le jour où l’on m’a enlevé mon bandage, j’ai profité d’une occasion.
Oubliant la douleur, je me suis précipité dans l’entrebâillement de la porte d’entrée.
Enfin le grand air !
Fuyons les humains, fussent même mes maîtres !
Oh, je ne suis pas allé bien loin.
Toujours dans mon rayon de cent mètres.
Toujours caché, dans les endroits les plus sombres.
Sans manger, sans boire.
J’entendais bien que l’on me cherchait, mais je ne voulais pas répondre.
Puis mon maître a mis une carte avec ma photo dans les boîtes aux lettres.
Idem sur les lampadaires.
Un courant de sympathie dans le quartier…
Quelques messages de compassion.
Et le téléphone a sonné…
« Bonjour, je ne vous dirai pas qui je suis, et d’ailleurs mon nom ne vous dirait rien.
J’ai vu que vous cherchiez votre chat Ulysse.
Je voulais simplement vous prévenir que de nombreux chats sont morts dans le quartier ces dernières années.
Souvent tués avec une fourche.
Il y aurait un tueur de chats.
Voilà, j’espère que vous retrouverez le vôtre, mais n’y comptez pas trop ! »
Cet individu qui ne veut pas dire son nom a commis une erreur…
Il n’a pas masqué son numéro…
Une rapide recherche dans l’annuaire a désigné « Monsieur Chat » !
Et moi, pendant ce temps, je n’ai même pas de rancœur.
Ne voulant plus voir les humains, je me meurs.
Et de là-haut, je vous écris, moi Ulysse, moi qui suis mort.
Mort de peur, mort de chagrin, mort de honte.
Crédit photos : © PF/Grinçant.com (2005-2013)
© PF/Grinçant.com (2013)
perdre son animal de compagnie de par son âge est dur.
le perdre par la bêtise humaine… que dire…
désolé.
Je précise qu’il s’agit d’une histoire vraie, mais ancienne (2007) d’où le titre « Mémoires… »
Je suppose que ce type de fait divers arrive tous les jours dans nos jolis coins de France.
Et je n’ose imaginer comment se comporte humainement ce genre de salopard.
Précisons qu’il ne risque presque rien (jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende – Article 521-1 du Code pénal / Piratage de musique, jusqu’à trois ans de prison et 300 000 euros d’amende).
Dans ce cas, le gars est quand même sacrément tordu sous des airs normaux et respectables.
Cordialement.
ça commence par des animaux.
et ensuite…
Cela commence toujours avec les animaux, car il est plus facile de s’attaquer à plus petit que soi, ou plus vulnérable. Ce n’est un secret pour personne que ceux ou celles qui ont commis des crimes graves avaient souvent torturé des animaux. On peut penser aux jeunes qui avaient tiré sur d’autres étudiants à l’université de Colombus par exemple. Ceux qui font ainsi souffrir des animaux n’oserait jamais à s’attaquer à quelqu’un de plus gros calibre qu’eux, ou de mieux armé. Lâcheté et déséquilibre mental.
Drôlement joli, le miron de la photo.
Oui, un miron qui nioulait et qui était souvent sur le bardanier ;-)
Des cinglés, des psychopathes il y en a partout effectivement.
Qui s’en prennent plus volontiers aux personnes fragiles ou aux animaux, c’est tellement plus simple !
D’ailleurs le coup de fil provenant du malade qui s’en était pris à votre chat témoigne de sa cruauté et de son sadisme.
Je suis pratiquement sûre que je me serais servie de ma fourche à son encontre, non pas pour le tuer mais pour le faire souffrir lui aussi et qu’il se rende compte de la douleur qu’il infligeait avec des méthodes abjectes.
Oui je sais, on ne doit pas répondre à la violence par la violence, mais la perte d’un compagnon dans ces conditions est tellement sordide que je serais passée outre mes convictions.
À l’époque, les chats (comme les chiens) étaient encore considérés comme des « meubles ».
Ça a un peu changé depuis, maintenant un animal est juridiquement un « être vivant doué de sensibilité » (article 515-14 du Code civil)…
Quant à des « représailles », une matraque est plus discrète qu’une fourche, surtout bien employée ;-)
Ah non pas ça ! Ne me dites pas que vous avez fait le coup… si répandu dans les médias ? :D
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