Samedi matin, quelques courses.
Passage à La Poste pour affranchir une enveloppe.
– Vous timbrez en prioritaire, c’est J+1* ?
– Oui, allez-y, en prioritaire…
Sauf que l’astérisque n’est pas prononcé…
Passage à l’hyper où ils font des pizzas « maison » au rayon traiteur.
Poids indiqué sur tous les emballages : 580 grammes…
Allons-y pour une « Orientale » au chorizo, histoire d’avoir une vie pimentée.
Arrêt-minute chez un artisan boulanger.
– Une boule bio à l’épeautre, s’il vous plaît.
– Ça vous fera 2 euros 50.
D’autres pains sont « au poids », mais là c’est forfaitaire.
400 grammes la boule, c’est écrit sur la petite ardoise.
De retour au domicile, accueil de votre charmante compagne…
– Tu as bien posté la lettre, elle arrivera bien lundi ?
– Euh, tu sais, « J+1 », ça ne veut pas dire réellement J+1…
– Mais c’était urgent, je te l’avais bien dit !
Pas la peine de risquer la scène de ménage pour les conneries de La Poste.
Sur le tarif, il est marqué « J+1, indicatif ».
Alors je ne vais pas m’engager à leur place !
Dans les faits, le courrier n’arrivera que mardi ou mercredi, voire plus tard.
– Tu as la pizza pour midi ?
– Oui, j’ai pris l’Orientale, elle fait 580 g, la voilà.
Elle la pose sur la balance et s’exclame :
– Mais elle ne pèse que 480 g, emballage en plastique compris !
– Euh, tu es sure de la précision de ta balance ?
– Oh ça oui, elle marche au gramme près, et jusqu’à 5 kilos !
Bon, ben oui, il manque 100 grammes, soit 17 % du poids vendu…
– Et pour le pain, tu as pris quoi ?
– Du Lemaire bio à l’épeautre, une boule de 400 grammes.
Elle s’en empare et la pose à son tour sur la balance électronique.
– Elle ne fait que 325 g, tu t’es encore fait rouler !
Ça fait 19 % en moins, au lieu de 2,50 €, j’aurais dû payer 2,05 €…
D’un air révolté, elle prend sa balance et va la cacher dans le grenier.
– Pourquoi tu mets la balance au grenier ?
– T’as pas vu, dans tous les reportages et enquêtes à la télé ?
– Vu quoi ?
– Si les flics viennent, c’est la preuve que tu trafiques de la drogue, une balance au gramme près !
Elle a l’air inquiète…
– Tu les as payées comment les courses ?
– En espèces.
– Mon dieu, mais qu’est-ce que t’es con !
– Pourquoi ?
– À notre époque, payer en espèces, c’est du blanchiment d’argent !
Bon, la vie devient vraiment compliquée.
Et en plus, il va falloir envisager le divorce !
Crédit photo : « Refusing a beggar with one leg and a crutch » CC Wikimedia
Caricature by Edmé Jean Pigal (1798-1872); lithograph by Langlumé; published by Gihaut et Martinet
© PF/Grinçant.com (2013)
Billet en rapport : De l’eau dans le gaz, une bouteille à l’amer
Après la guerre (de 39/45! encore un vieux c…) jusqu’à la fin des 50:
On postait une lettre de la banlieue de Chartres à 17h, elle était livrée le lendemain à 15h au Petit St Jean dans la banlieue d’Amiens. Fernand faisait ses deux tournée, même qu’il avait le fric des mandats dans sa sacoche!!
On allait chez le boulanger, il pesait votre pain (Auparavant, c’était lui qui l’avait fait!) et éventuellement vous rajoutait une coupe de complément pour avoir la quantité exacte…coupe que vous vous empressiez de manger en chemin.
Enfin il n’y avait pas de pizzeria………
Rien n’est parfait, dit le renard!
Oui, c’est un coup à passer pour un vieux c… au yeux de certains.
Mais sur le coup, c’était plutôt bien tout ça !
Et le pain d’antan, tranché avec un véritable Opinel…
Oui, mais « j’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé »
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