Il est anxieux.
Il est fébrile.
Il fait les cent pas dans le couloir.
Elle devrait arriver.
Celle tant attendue devrait bientôt être dans ses bras.
Attente inhumaine.
Il attend son premier rapport sexuel.
Angélique était la plus belle.
Il est trop timide, il a choisi sur catalogue.
Il a tourné mille fois les mêmes pages.
Mais Angélique était vraiment la plus belle.
Il a fait ses comptes.
C’était juste, mais il a craqué.
Il a envoyé un chèque.
Il n’a plus d’argent, mais Angélique va arriver.
Il ajuste sa cravate.
Pour patienter, il se coupe les ongles.
Il ne faut surtout pas griffer Angélique.
Une telle merveille doit être fragile.
Pourvu qu’elle lui plaise !
Une photo est souvent trompeuse.
On frappe.
Ce doit être Angélique.
Il se précipite et ouvre la porte.
Un homme en bleu lui tend un paquet jaune.
Il s’en saisit et referme à double tour.
Son cœur bat comme il n’a jamais battu.
Ses mains sont moites.
Le grand moment est arrivé.
Il ouvre le colis magique.
Une déception inouïe.
Il n’y a que du papier journal.
Que d’espoirs déçus.
Sa vie n’a pas de sens s’il n’est pas avec Angélique.
Il fait les cent pas dans le couloir.
Il pleure.
Sa douleur est immense.
Dans le jardin voisin, au milieu des buissons, un homme.
C’est le facteur.
Son excitation est extrême.
Entre ses mains, il y a une pompe à vélo.
Fébrilement, il donne ses formes à Angélique.
© PF/Grinçant.com (Projections 1992-1993)