J’en suis au dessert.
Je viens de commander une tarte tatin.
J’ai aussi demandé l’addition.
Je suis dans un restaurant.
J’aime la bonne cuisine.
Je ne me faisais pas d’illusions sur l’endroit.
Pourtant, c’est encore pire que ce que je croyais.
L’entrée était vraiment très ordinaire.
Le plat de résistance, lui, me laissera un souvenir impérissable.
Une brochette forestière.
Des frites surgelées.
Quelques malheureux champignons.
Trois morceaux de bœuf sur une tige en bois.
Une sauce tiède.
Et des sachets de moutarde.
J’ai vérifié, le mot « restaurant » est bien écrit sur la carte.
En plus, il est plein, et les gens ont l’air d’apprécier.
Le bon goût se perd !
Le vin est infect.
Le pain est de circonstance.
La salière est dans le cendrier.
La serviette en papier est minuscule.
En plus, elle est rose.
Ma tarte tatin vient d’arriver.
Tiède par endroits, froide ailleurs, elle est de la génération micro-ondes.
Des gastronomes pénètrent encore dans cet endroit magique.
Hier, j’étais dans un restaurant divin, il était vide.
Ce temple du dégoût est plein.
C’est le monde à l’envers !
J’avais faim, j’ai tout fini.
L’addition est sur la table.
J’ai le courage de la regarder.
Sans surprise, elle est trop salée !
© PF/Grinçant.com (Projections 1992-1993)