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Fontaine, où es-tu ?

AVERTISSEMENT : Ce billet date de plus d'un an.

Le temps est superbe, ce qui est étonnant pour la région qui m’accueille.

En fait, je dois être à l’origine de cet événement, le soleil me suivant comme mon ombre.

Les villageois n’en reviennent pas et ont tous adopté une tenue estivale.

Aujourd’hui, c’est fête dans cette grande ville belge.

Le bourgmestre a même accordé l’après-midi à ses agents, pensant qu’un petit bronzage sur place réduirait leurs prétentions à congés.

Les fontaines sont prises d’assaut par les enfants qui s’aspergent joyeusement.

Je me suis installé à la terrasse d’un bar afin de déguster un rafraîchissement.

Mon regard s’attarde sur les passants ravis.

Cette journée est vraiment extraordinaire.

En face de moi, un bar brésilien.

Sur le rebord d’une fenêtre, un gigantesque coquillage.

Un bénitier à la terrasse d’un café ?

Non, ça n’est pas un bénitier, car au centre, il y a un petit jet d’eau, qui monte à environ un mètre au dessus de la coquille.

Cette petite fontaine m’amuse, les passants ne sont plus mon centre d’intérêt.

Ce minuscule geyser me fait penser à une présence.

Et s’il y avait une baleine dans ce bassin improvisé ?

Dans tous les reportages du commandant Cousteau, on voit des cétacés rejeter de l’eau de cette façon.

Mon attention est attirée par une radio dont le programme, une bossa, est interrompu par un flash spécial.

Les passants ne passent plus, car ils s’arrêtent pour écouter.

À la terrasse, tous les consommateurs prêtent l’oreille.

« On a volé la plus célèbre fontaine de la ville ! »

Les gens sont affolés, catastrophés.

La ville n’est plus rien sans elle…

Le Plan rouge est déclenché.

On entend les sirènes des véhicules d’urgence lancés à la poursuite des auteurs de cet infâme larcin.

À la terrasse, on commande de la vodka en remplacement des sodas, pour oublier…

Une si belle journée ne va quand même pas se terminer aussi mal ?

Tout le monde cherche.

Les voisins suspectent leurs voisins.

Les minutes passent, dans l’angoisse.

Tout à coup, une voix s’élève.

Mon regard se tourne à nouveau vers le jet qui avait retenu toute mon attention.

– Ne cherchez plus, il est là !

Un homme montre du doigt le coquillage du café d’en face.

Un grand soulagement, le Manneken-Piss prenait simplement un bain.

© PF/Grinçant.com (Projections 1992-1993)

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